« Lucien Cuénot, l’intuition naturaliste », Editions l’Harmattan – Mars 2004,
Avant propos d’André Rossinot Maire de Nancy Président de la Communauté Urbaine du Grand Nancy,
Préface de Jean Gayon Professeur à l’Université Paris-1-Panthéon Sorbonne
Cette étude, basée sur la découverte d’archives inédites, fait revivre un des derniers grands naturalistes français du XXe siècle, Lucien Cuénot (1866-1951). L’analyse de l’oeuvre scientifique, à la lumière des apports de la biologie contemporaine, offre un éclairage nouveau sur les raisons complexes de son éclipse imméritée. Il fut le premier biologiste français à adopter d’emblée le néo-darwinisme, dans une France lamarckiste, hostile au courant darwinien anglo-saxon. Forte personnalité, libre penseur, grande figure de la vie scientifique et universitaire française, Lucien Cuénot fut l’un des pionniers de la génétique à l’échelle internationale en participant à la redécouverte des lois de Mendel chez la souris en 1902. Mais ce naturaliste refusa d’adhérer pleinement à la théorie synthétique de l’évolution, telle qu’elle fut élaborée dans les pays anglo-saxons au cours des années 1940 : taxé trop vite de finaliste, il fut aussitôt occulté après sa mort. Cet ouvrage montre que pourtant la pensée évolutionniste de Lucien Cuénot, fondée sur l’intuition naturaliste, prend désormais tout son sens. Reçu à l’Académie des sciences en 1931, il créa en outre, en 1933, le musée de zoologie de Nancy.
« Lucien Cuénot (1866-1951) n’a pas eu de Prix Nobel et n’a pas été professeur à la Sorbonne. Mais il a sans doute été celui des biologistes français de la premiére moitié du vingtième siècle qui a le plus profondément influencé la communauté scientifique et intellectuelle française dans cette époque, et sans doute sensiblement au-delà. Unique pionnier de la génétique dans notre pays, il a laissé tout au long de sa carrière des ouvrages de synthèse sur l’évolution, l’adaptation, l’espèce, célébrés pour leur clarté, leur originalité, et la qualité de l’information scientifique. Son livre Invention et finalité, un classique de la philosophie biologique, a étendu son rayonnement bien au-delà de la communauté biologique. Par les trois facettes que l’on vient de mentionner, la figure de Cuénot – expérimentateur, naturaliste et essayiste – reste comme l’un des derniers et sans doute le plus bel exemple en France de ce qu’on appelait à la fin du XIXe et au début du XXe siècle la « biologie générale » . » Jean Gayon, extrait de la préface.
Annette Chomard-Lexa est docteur ès sciences biologiques. Après plusieurs années consacrées à la recherche universitaire et à l’enseignement, elle s’est passionnée pour l’histoire et l’épistémologie des sciences de la vie et de la terre, particulièrement en Lorraine, sa terre natale. Cette étude est, à l’origine, une commande du Muséum-Aquarium et de la Communauté Urbaine du Grand-Nancy réalisée en 2001.